Je crois bien, j’en suis même sûre, que c’est la première fois que je lis un roman dont l’intrigue se déroule intégralement dans ma ville, Clermont-Ferrand. Et ce fut une expérience pour le moins excitante !
Sylvain Forge, l’auteur, est originaire d’Auvergne mais vit désormais à Nantes, ce qui explique sans doute l’attachement à ces lieux, dont certains sont amenés à disparaître à plus ou moins court terme… j’y reviendrai !
Adan Settara travaille à la PJ de Clermont-Ferrand. Un peu (beaucoup) tête brûlée, il a longtemps bossé aux stups, où ses indics dans les cités nord clermontoises lui ont permis de faire de belles prises. C’est un loup solitaire qui prend toutefois le temps de rendre visite à sa sœur et à son père, un Harki arrivé en Auvergne dans les années 1960.
Lorsque deux jeunes amateurs d’urbex sortent effarés de l’ancien Hôtel Dieu avec une clé USB contenant une photo de meurtre, c’est tout le commissariat qui entre en effervescence. Qui est la victime ? Et bien sûr, qui est son meurtrier ? Une enquête qui va mener Adan et sa collègue Marie sur des pistes particulièrement périlleuses, de la bourgeoisie influente locale aux dangereux caïds, en passant par les prédateurs sexuels en vadrouille. Ce n’est pas exactement l’image que j’avais de ma ville mais c’était bon d’explorer ces mondes inconnus de moi !
Beaucoup de personnages dans ce roman, que Sylvain Forge s’attache à décrire en profondeur pour mieux en cerner les contours. Les récits de la guerre d’Algérie alternent avec l’avancée de l’enquête, et puis cette histoire de chats qui disparaissent mystérieusement sur le plateau central de Clermont… Ça fait beaucoup mais évidemment, les pièces du puzzle s’assemblent lentement mais sûrement jusqu’au dénouement final. J’avoue avoir été parfois un peu perdue, à la fois dans l’enchaînement des événements et des lieux, les descriptions détaillées de certains personnages secondaires, et dans les récits d’une guerre dont je ne sais (pardon) vraiment pas grand-chose. J’espère que l’auteur ne m’en voudra pas de cette critique. Et je m’en permets une autre tant que j’y suis… les coquilles ! J’en ai rarement trouvé autant. Jamais, pour être honnête. Je veux bien jouer les relectrices aux éditions du Toucan, si ça peut aider ;)
Alors bien sûr, j’ai adoré divaguer dans tous ces lieux que je connais, pour certains très bien, pour d’autres moins, voire pas du tout et pour cause, j’imagine qu’ils ont été créés pour les besoins du roman. Il n’y a pas de club Rock River vers la place des Bughes, et encore moins de brocante sur la place… je le sais, j’y habite :) Je me suis interrogée sur les mystérieuses mines du « Mont d’Or » (Mont-Dore ?), ai reconnu le restaurant italien rue du Terrail mais pas le sex-shop ! Le parc Montjuzet, le lac d’Aydat, le sommet du puy de Dôme, la muraille de Chine, l’Hôtel Dieu… là je vois très bien. Les deux derniers sont d’ailleurs voués à destruction ! L’Hôtel Dieu l’année prochaine (partiellement, certains bâtiments étant classés), et la muraille de Chine… d’ici quelques années, le temps de reloger les centaines de familles. Certains passages évoquent étrangement des situations vécues récemment, comme par exemple p. 23 : « Seules les flèches sombres de la cathédrale émergeaient du brouillard », alors qu’un photographe local venait de saisir une vue insolite (clique pour voir) à l’occasion d’une mer de nuage. Et puis… le meurtre a été commis autour du 31 octobre, période à laquelle j’ai moi-même entamé ce roman. Et quel plaisir de trouver p. 352 une référence à la Clermontoise de Projection Underground et au festival Underfest ! Trois ans que j’y participe avec bonheur. D’ailleurs, c’est par ici qu’il faut chercher l’origine du titre du roman « Sous la ville », parce qu’on rentre dans le vif du sujet avec de l’urbex et qu’on finit dans les caves de la butte. Bref, un roman franchement immersif pour les Clermontois, avec une intrigue au maillage dense mais prenant.
Merci à Sylvain Forge et aux éditions du Toucan pour l’envoi du roman.
Et au fait Sylvain… p. 256… on ne dit pas « chocolatine » par chez nous !
L’est né à Vichy, le Monsieur. Ce qui en fait quelqu’un de bien, évidemment. 😉 Je l’ai « croisé » à plusieurs reprises sur Facebook mais je ne l’ai jamais lu. Je note ce titre.
@Delphine : je crois qu’il en a écrit un qui se passe à Vichy ;) En tout cas c’est rigolo de reconnaître les lieux qu’on fréquente quasi tous les jours :)
Le roman qui se déroule à Vichy se nomme « Le vallon des Parques ».
http://www.babelio.com/livres/Forge-Le-vallon-des-Parques/448987
@Morlat : super, merci pour l’info ;)